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  • 60'
  • Auteur : Chloé Vienne
  • 09-01-2021
  • Master : 3006

DELITS ROUTIERS : DU PLAIDER COUPABLE A LA PRISON | TF1 | Reportages

Au Tribunal de Nîmes, les délits routiers représentent plus de la moitié des dossiers traités. Parmi eux, il y a les conducteurs qui, un jour, commettent une infraction. Et puis il y a les autres, les multi-récidivistes, des délinquants « professionnels ». En France, la route tue 3500 personnes chaque année. Dans 3 cas sur 4 l’alcool s’invite au volant, provoquant des drames. Aucune affaire de délinquance routière ne ressemble à une autre. Mais toutes ont un point en commun : une fraction de seconde suffit à changer une vie. Juge et procureurs doivent trouver la juste peine. Comment juger ces chauffards ? Comment être sûr qu’ils ne recommenceront pas ? Pendant plusieurs mois, nous avons pu poser nos caméras dans les salles d’audiences, là ou des hommes jugent d’autres hommes. Pour saisir l’intimité de cette justice qui nous concerne tous.

Le bureau d’Eric Maurel, Procureur de la République, surplombe les arènes historiques de Nîmes. Chaque jour lui aussi mène un combat : protéger les intérêts de la Société. Il a la réputation d’être intraitable avec les infractions routières. Elles sont pour lui « le miroir de notre société ». Lors des procès sensibles, où l’émotion envahit la salle d’audience, il s’emploie à faire prendre conscience aux prévenus de leur responsabilité : « c’est la chronique d’un drame annoncé, ça ne pouvait qu’arriver. La question n’était pas de savoir si mais quand ? ». Il n’hésite pas à requérir des peines exemplaires.

A charge pour la Juge Christine Ruellan de les suivre ou non. En 35 ans de carrière, elle a vu défiler toutes sortes de conducteurs. Mais la lassitude ne l’a jamais gagnée. « Si on n’a pas foi en l’homme il faut changer de métier ». De la conduite sans permis ni assurance à l’homicide involontaire, elle écoute toujours les parties civiles et les prévenus avec beaucoup d’attention. Afin de trouver « la juste peine, celle qui sera comprise. »

Nous l’avons suivie tout au long d’un procès. Celui de Tahar, père de famille dévasté. Il y a un an, un chauffard alcoolisé a fauché la vie de son fils. Pour la première fois depuis l’accident il va se retrouver face à lui. Il espère que les magistrats vont mettre des mots sur sa douleur et condamner fermement le conducteur responsable du drame. « Quand il a pris le volant dans cet état c’était volontaire. Je veux qu’il soit jugé comme un criminel ».

Mais en France, les conducteurs qui tuent sur la route sont jugés comme des délinquants et non des criminels. Nous avons suivi l’un d’eux. Philipe a lui aussi causé un drame, après avoir pris le volant en sortant d’un déjeuner où il avait bu. Son meilleur ami est mort sur le coup, sa compagne est toujours dans un état grave. Lui s’en est sorti miraculeusement, mais avec des séquelles psychologiques irréversibles. « J’aurais préféré partir à leur place, ne pas avoir pris le volant ce jour-là, mais c’est trop tard. Il faut que je paye. »

Nous avons aussi accompagné des conducteurs convoqués pour des infractions moins graves. Ceux qui se retrouvent pour la première fois à la barre… La plupart ont commis des excès de vitesse de plus de 50 km/h. Dans la salle chargée d’histoire du Tribunal de Police, ils plaident leur cause, avec plus ou moins de succès… Patrice, entrepreneur dans le bâtiment, va par exemple voir son permis de conduire suspendu pendant un an, et être condamné à une amende de 1200 euros. « C’est cher payé je trouve. Je risque de perdre mon emploi. Comment je fais sans voiture ? ».

Aux côtés des magistrats et des usagers de la route, plongez dans les arènes judiciaires de Nîmes.


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