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  • 52'
  • Auteurs : Daniel Lainé, Julien Boluen
  • 05-09-2025
  • Master : 3654

FLEUVE CONGO, AU BORD DU NAUFRAGE | France 5 | Les Routes de l'Impossible

La République Démocratique du Congo est un géant méconnu : un territoire immense, quatre fois plus vaste que la France, dont la forêt équatoriale a depuis longtemps englouti les routes reliant Kinshasa au nord du pays. Dans ce contexte, le fleuve Congo devient bien plus qu’un cours d’eau : c’est une colonne vertébrale, une voie de survie, une route vivante.

Long de 1750 kilomètres, le fleuve est aussi vaste qu’imprévisible. C’est le plus puissant d’Afrique et l’un des plus dangereux du monde. Son courant déchaîné charrie des troncs d’arbres capables de percer la coque d’un bateau, ses bancs de sable se déplacent au gré des saisons, et les rochers immergés ne sont signalés par aucune balise. Chaque traversée est une prise de risque. Et pourtant, chaque jour, des dizaines de bateaux s’y aventurent, parfois vétustes, surchargés, hors de tout contrôle. Chaque année, le fleuve engloutit des embarcations entières et fait des centaines de victimes. L’« Ondika », lui, fait figure d’exception. Ce remorqueur robuste, piloté par l’un des meilleurs capitaines congolais, le commandant Baillot, tracte trois grandes barges avec à son bord près de 800 passagers. Entassés au milieu des ballots, des poules et des braseros, les passagers avancent lentement, avec patience, débrouille et une force tranquille. La promiscuité est extrême, le confort inexistant – neuf douches et wc pour 800 personnes – mais l’entraide, elle, circule à chaque pont. À bord de ce bidonville flottant, on vend, on achète, on troque. Le système D règne, incarné jusqu’au « docteur » Albert, figure singulière qui soigne avec les moyens du bord… et une grande dose d’audace. Les pêcheurs accostent en pirogues pour proposer du poisson en échange de piles, vêtements ou outils. Le fleuve devient alors une immense place de marché flottante, un trait d’union vital pour les villages riverains coupés du monde. À Kisangani, les légendaires Wagenia bravent chaque jour les rapides pour capturer leur poisson depuis des échafaudages de bois dressés au cœur du courant. Une prouesse transmise de génération en génération.

Le voyage prévu pour trois semaines en dure parfois huit, ralenti par les pannes, les crues, les accidents. Mais à mesure que le fleuve défile, quelque chose de précieux émerge : un esprit collectif, une solidarité rare, une dignité inaltérable.


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