Femmes battues : voyage au bout de l’enfer conjugal | M6 | 66 minutes

C’était il y a un an, en mai 2007. Aurélie avait 21 ans, deux enfants, elle aimait la vie. A 22h30, elle était dans sa voiture, avec sa sœur, et l’accompagnait chez un ami. Une voiture l’a suivie et un homme en est sorti, fou de colère, menaçant. Il l’a rouée de coup, l’a frappée avec une bûche, puis l’a poursuivie à travers la forêt. La jeune fille a été retrouvée morte le lendemain, au pied d’une falaise. Le criminel n’est autre que son compagnon, le père de ses enfants. D’une jalousie maladive, il n’a pas supporté qu’Aurélie veuille le quitter. Il l’a tuée. Aurélie est la 166eme victime de cette sinistre année 2007. 166 femmes, en effet sont mortes de violences conjugales en France, soit une victime tous les deux jours environ. Et ce n’est pas tout : en 2007, 47 573 faits de violences volontaires sur des femmes, par leurs conjoints ou ex conjoints ont été déclarés à la police ou à la gendarmerie. Bien qu’édifiants, ces chiffres sont sans doute encore en dessous de la réalité. Pour l’observatoire Nationale de la Délinquance, 410 000 femmes auraient été victimes de violence entre 2005 et 2006. Car les femmes, aujourd’hui encore, hésitent à porter plainte : dans moins de 9% des cas quand il s’agit de leur conjoint et dans plus de 50% des cas quand s’il s’agit de leur ancien compagnon. Qui sont les victimes de violence conjugales ? Et qui en sont les auteurs ? Comment la violence entre-t-elle dans un couple ? Quelles sont les conséquences sur les enfants ? Et comment peut- on s’en sortir ? Ce film donne la parole aux victimes et auteurs de violence. Nous avons suivi Sophie, ancienne coiffeuse, battue et humiliée pendant cinq ans devant ses enfants. Aujourd’hui séparée, elle est obligée de confier tous les quinze jours ses enfants à son ancien bourreau. Un véritable déchirement, car l’homme est resté très violent. Valérie, elle, est une grande bourgeoise qui ne s’attendait pas, à 49 ans, à retourner vivre ans chez sa mère, dans sa chambre de jeune fille. Victime de violence psychologique et physique, elle a quitté le domicile conjugal laissant derrière elle ses filles adolescentes. Face à ces victimes, des auteurs de violences conjugales. Nous les avons rencontrés à la prison de Douai. Grégory, 28 ans, vient d’en sortir, il est en thérapie. Il explique les raisons de sa violence, les coups qui remplacent la parole et deviennent une habitude. Toujours à Douai, le procureur Luc Frémiot a mis au point une méthode efficace pour éviter la récidive des auteurs de violence : dès la première claque, l’auteur est mis en garde-à-vue immédiatement et éloigné du domicile conjugal. Certains sont même placés pendant 15 jours dans un foyer de SDF. Une méthode extrêmement efficace.